I. 
					L'Eau d'un ardin d'agrément et l'Eau d'un potager 
					 
					          Dans un jardin, de pur amusement, 
					Une eau se variait dans son cours agréable; 
					Cascade jaillissante, et par-tout admirable; 
					Son éclat décorait le lieu le plus charmant; 
					Puis se précipitant, elle prenait sa course, 
					Pour se rendre en un fleuve assez près de sa source. 
					           Chemin faisant, elle vit serpenter 
					               Un ruisseau très-humble et paisible, 
					Qui venait d'arroser, bienfaisant et sensible, 
					                Les plantes d'un potager. 
					              Après ce bienfait salutaire, 
					Doucement dans le fleuve il allait se verser; 
					              Mais l'orgueilleuse du parterre 
					           Arrête un cours précipité, bruyant, 
					          Tient au ruisseau ce discours arrogant: 
					Oses-tu bien sur moi prétendre l'avantage? 
					Moi qui sors d'une source où l'éclat brille aux yeux, 
					Des plus beaux ornemens de marbre précieux; 
					Moi, dont la gloire sans partage 
					       Est de parer le domaine des dieux: 
					       Puis je descends et j'embellis encore 
					Les conques des tritons: de la déesse Flore 
					              J'arrose et fais croître les fleurs; 
					              Ainsi partageant mes faveurs, 
					Dans de vastes bassins je fournis la pâture 
					Aux poissons indiens, vêtus d'or et d'azur. 
					Quelquefois m'élevant d'un jet rapide et sûr, 
					Je tombe en diamans sur la riche verdure; 
					Etrivale d'Iris, les rayons du soleil, 
					              Ce dieu que les Incas adorent, 
					              D'un éclat brillant et vermeil, 
					              En me pénétrant, me colorent. 
					Pendant tous ces hauts faits, dis-moi, que faisais-tu? 
					       Par quelle audace as-tu donc prétendu 
					Mêler avec mes eaux ton onde misérable, 
					Et profaner ainsi ce fleuve respectable? 
					A ce trop fier discours le ruisseau répondit: 
					              Des fameux exploits que tu vantes, 
					A ton tour, réponds-moi, quel en est le profit? 
					Quels sont les fruits formés par tes eaux bienfaisantes? 
					              Apprends qu'un ruisseau misérable 
					Fait croître tous les jours les fruits, les végétaux, 
					Les plantes salutaires, et qu'il est préférable 
					A l'éclat séduisant, aux fracas de tes eaux. 
					              L'orgueilleuse ne put répondre: 
					      Cet argument venait de la confondre. 
					Elle écume de rage, et tombe en murmurant 
					      Dans ce beau fleuve, et dès l'instant 
					Se confond au ruisseau dans cet espace immense. 
					              Le bon esprit, l'homme qui pense, 
					Comme l'humble ruisseau, réglé dans ses desirs, 
					Préfère le travail à tous les vains plaisirs. 
					 
					II. 
					Le Bœuf sur le retour 
					 
					              Un vieux bœuf, languissant et maigre, 
					              Etait accablé de travaux; 
					              Son maître, d'une humeur très-aigre, 
					Le maltraitait beaucoup: de tous les animaux 
					              Il se trouvait le plus à plaindre. 
					              Sans force, on voulait le contraindre 
					A tirer la charrue: un terrible aiguillon 
					              Ne pouvait rendre l'action 
					              A ce corps chétif et débile. 
					      L'agriculteur,à son profit habile, 
					      Voyant son bœuf dans un si triste état, 
					Le délivre du joug, âpres le fait conduire 
					Dans un bon pâturage: il a ce qu'il desire. 
					              De son bonheur le résultat 
					Fut de faire oublier charrue et labourage, 
					Les mauvais traitemens de son dur esclavage. 
					              Heureux dans ce séjour nouveau, 
					              Bientôt il devint gras et beau. 
					              Dans son ivresse peu commune, 
					              Tous les jours et tous les instans, 
					Il bénissait l'auteur de sa bonne fortune, 
					Oubliant les rigueurs qu'il eut en d'autres tems; 
					A tous ses compagnons il en faisait l'éloge. 
					Séduit par l'apparence, ainsi le malheureux 
					                 Ignorait l'empire affreux 
					              Que l'homme trop cruel s'arroge 
					       Sur l'animal paisible et confiant. 
					       Le laboureur voyant dans la prairie 
					              Son bœuf très-gros et bien portant, 
					Le vendit: un tyran lui fit perdre la vie. 
					Vous dont les plus beaux jours passés dans les malheurs, 
					Si la fortune enfin, lasse de ses rigueurs, 
					              Paraît à vos voeux plus propice, 
					De l'ingrate craignez le funeste caprice. 
					 
					III. 
					L'Enfant, 
					les deux Arbres en fleurs et le vieux Pasteur 
					 
					La trompeuse beauté passe et s'évanouit; 
					On l'admire au matin, le soir elle s'enfuit. 
					              Tircis encor dans son enfance, 
					              En fit la dure expérience. 
					              La mère du jeune pasteur 
					                 Un jour lui présente un vase, 
					En lui disant à-peu-près cette phrase: 
					              Mon fils, cours, cherche un acheteur: 
					       Au meilleur prix vends ce lait à la ville: 
					Songe que le travail ne cesse d'être utile. 
					L'homme endure ses maux, s'accoutume à la sueur; 
					              C'est ainsi que le pain se gagne: 
					        Va promptement, traverse la campagne. 
					              L'enfaut ignorait le chemin; 
					              Il tremble de son entreprise, 
					Obéit cependant, et part d'un air chagrin. 
					Mais au milieu des champs, quelle fut sa surprise! 
					Il trouve un carrefour, des chemins différens 
					              Qui tous conduisent à la ville. 
					              Pour s'y rendre il est fort tranquille, 
					Mais non pour le retour. Après quelques instans 
					De crainte et de terreur, enfin il se résigne: 
					              Par-tout, des yeux il cherche un signe 
					Qui puisse le guider, sans embarras nouveau, 
					A retrouver le soir le chemin du hameau. 
					       Il apperçoit sur le bord du passage 
					       Le moins connu, le plus embarrassant, 
					Deux beaux arbres en fleur, il se croit triomphant; 
					       L'espoir renaît à cet heureux présage; 
					       Sa joie éclate, il dit tout transporté: 
					              Le voilà ce signe immanquable; 
					Puis se remet en route, arrive à la cité. 
					              La fortune très-favorable 
					              Du voyageur remplit l'objet, 
					              Le pasteur vendit bien son lait. 
					              Après retournant au village, 
					              Il vit, passant au carrefour, 
					Tous les arbres pareils, uniforme feuillage. 
					       Les aquilons avaient joué ce tour; 
					Ils avaient abattu d'un soufle furieux 
					Les fleurs qu'il présumait lui servir de balise: 
					Il ne.peut revenir d'une telle surprise. 
					              Hélas! que je suis malheureux! 
					Disait-il; j'ai perdu mon unique espérance! 
					              Où porter mes pas incertains? 
					        Il gémit, pleure, et par sa doléance, 
					       Ses cris plaintifs, appelle des humains 
					Qui puissent le tirer de ce péril extrême. 
					Le bruit de sa douleur perce jusqu'au séjour 
					       D'un vieux berger, du bon Damete même, 
					Qui pour les malheureux plein de zèle et d'amour, 
					              S'offre de la meilleure grace 
					       De consoler, d'être le conducteur 
					              De notre jeune pasteur, 
					              Qui l'accepte et lui rend grace. 
					       Ce bon guide, chemin faisant, 
					Lui dit: une autre fois tu seras plus prudent. 
					Ces fleurs qui paraissaient si belles, si brillantes, 
					              Niétaient qu'images séduisantes 
					De la beauté trompeuse, et que frivolité: 
					Le tronc pour signe avait plus de solidité. 
					       Reçois encor cet avis salutaire: 
					Il ne faut pas compter sur promesse légère: 
					              Apprends, mon fils, que très-souvent 
					              Autant en emporte le vent. 
					 
					IV. 
					La Fille sauvage 
					les Portraits et le Miroir 
					 
					En Afrique, autrefois, dans un certain parage, 
					              Un vaisseau français aborde. 
					              Certaine isle qu'il rencontra. 
					Le capitaine vit une fille sauvage, 
					              Sans respect pour la liberté, 
					              De l'enlever il se propose, 
					Et comme de son bien, sans façon il dispose. 
					Malgré son teint d'ébène et ses yeux en fureur, 
					              Et bien que laide à faire peur, 
					        Elle passait dans ce pays barbare 
					        Pour être belle, inspirait de l'amour. 
					        Le petit dieu souvent est très-bizarre. 
					              Notre Africaine, plus d'un jour, 
					              Dans un ruisseau clair et limpide, 
					Apprit à distinguer de ses traits la valeur; 
					Et celui qui n'eût pas témoigné son ardeur, 
					              Près dlelle eût pass! pour stupide. 
					        Le capitaine un jour offre à ses yeux 
					        Plusieurs portraits, la plus riche peinture, 
					Pensant, à cette fille,enfant de la nature, 
					        Faire admirer ces tableaux précieux. 
					        Qui le croirait? ils lui semblent affreux; 
					        Elle riait de la délicatesse 
					        De tous ces traits et de leur gentillesse. 
					              Quelqu'un lui présente un miroir; 
					Elle crut que c'était un beau portrait tout noir; 
					Mais se reconnaissant, vois ce charmant visage, 
					Dit-elle avecfierté: de la beauté, je gage, 
					              Qu'il exprime mieux la valeur 
					Que tous ces minois blancs qui ne sont que fadeur. 
					        Notre amour-propre est le juge ordinaire 
					              Que nous consultons: pour nous plaire, 
					A nos goûts, nos penchans, il faut s'assimiler, 
					Etre de notre avis, enfin nous ressembler. 
					 
					V. 
					Le Philosophe et le 
					Paysan 
					 
					Un citoyen peu riche avait passé sa vie 
					A cultiver les arts et la philosophie. 
					Son cœur et son esprit, par des livres fort beaux, 
					              S'étaient rempli de systèmes nouveaux, 
					        Qui lui semblaient vérité toute pure, 
					Et devant énoncer le vœu de la nature. 
					        Il lui tardait de saisir les instans 
					De pouvoir appliquer tous ces beaux sentimens. 
					A la mort d'un parent, il eut pour son partage 
					Un domaine; content de ce bel héritage, 
					Il le parcourt, et voit avec étonnement 
					La plante naturelle enlevée à la terre, 
					Proscrite avec mépris: il appelle à l'instant 
					        Le laboureur, lui dit, presqu'en colère, 
					Je vois que dans les champs vous ne comprenez rien 
					              Aux travaux de l'agriculture; 
					              Comment! ne savez-vous pas bien 
					        Que tout au miéux se fait dans la nature? 
					              Ces plantes ciné vous enlevez, 
					        Sont ses enfans ne lui sont pas moins chères 
					              Que celles que vous cultiveiz; 
					        Et je prétends désormais dans mes terres 
					              Etablir un ordre nouveau; 
					Par sa variété nature est embellie: 
					Je veux que le chardon, l'ivraie et le barbeau, 
					        Croissent ensemble: ah! quelle barbarie 
					        De les exclure avec tant de fureur! 
					              Voilà, répond le laboureur, 
					              Un commandement fort étrange; 
					        En le suivant, on renverse, on dérangé 
					L'art du cultivateur: le bled si précieux, 
					              Ce végétal le plus utile, 
					        Ne sera plus qu'une plante stérile. 
					        --- Encore un coup, mon ami, je le veux. 
					Par vos exclusions, à justicecontrajre, 
					Vous avez fait du bled le tyran ordinaire 
					              Des autres plantes du canton: 
					              Cela répugne à la raison. 
					              Retiens la maxime superbe, 
					              Qu'il n'est aucune espèce d'herbe 
					              Qui ne soit chère au créateur, 
					        Au philosophe; et que c'est une erreur 
					De penser autrement: l'arracher est un crime; 
					              Vous m'entendez? plus de victime: 
					                  Ainsi, que dorénavant, 
					        En liberté tout croisse également. 
					Le fermier obéit, les plantes parasites 
					        Couvrent les champs: leurs fâcheuses visites 
					Enlevèrent au bled sa substance; il languit, 
					        Il sèche, il meurt, tout espoir est détruit. 
					       Le paysan n'osait plus reparaître: 
					              Cependant il porte à son maître 
					              Cette nouvelle et sa douleur. 
					              D'où peut provenir ce malheur 
					              Et cette étrange catastrophe? 
					              Dit promptement le philosophe: 
					Par la grêle mes champs seraient-ils ravagés? 
					Un orage violent les a-t-il submergés? 
					Un vent impétueux, l'aride sécheresse, 
					Ou la voracité de quelques animaux, 
					        Ont-ils enfin causé notre détresse? 
					       --- Non, non, ce n'est aucuns de ces fléaux. 
					--- Quelle est donc la raison, dites-moi, je vous prie? 
					--- La raison? c'est, monsieur, votre philosophie. 
					 
					VI. 
					Le Berger et le Rosier 
					 
					                 Le jeune berger Clitendre 
					              Cultivait un rosier charmant; 
					Il chérissait beaucoup sa fleur vermeille et tendre, 
					        Et la cueillait avec empressement. 
					              Très-souvent les épines 
					              Le piquaîent vivement. 
					Il y prenait peu garde et souffrait constamment 
					L'atteinte et les douleurs de ces armes chagrines. 
					       La rose, hélas! passe rapidement. 
					L'arbrisseau dépouillé de sa beauté touchante, 
					              Garde encor son arme piquante: 
					Le berger la sentit un jour cruellement, 
					En cueillant tout auprès une plante sauvage. 
					Du rosier il avait supporté les rigueurs, 
					       Quand il était décoré de ses fleurs; 
					       Mais imligné, furieux, plein de rage, 
					       Quand il le voit privé de ses attraits, 
					Il coupe l'insolent au niveau de la terre. 
					C'est aux fières beautés que je lance mes traits; 
					              A vous, dédaigneuse Glicère; 
					              Vous possédez le don de plaire, 
					              Comme le rosier au printems; 
					Mais songez que bientôt votre automne commence: 
					              Pour être aimable en tous les tems, 
					              Faites provision d'avance 
					              De douceur et d'égalité; 
					Ne méprisez jamais l'austère vérité. 
					 
					VII. 
					Les Oiseaux et les 
					Poissons 
					 
					Dans un bosquet charmant, un beau ruisseau limpide 
					Renfermait dans son sein mille et mille poissons: 
					Dans ce séjour tranquille où le bonheur réside, 
					Ces habitans des eaux, exempts de passions, 
					        Vivaient heureux. Un jour, une volée 
					              D'oiseaux de toutes les couleurs, 
					S'abat sur le bosquet: sur un arbre perchée, 
					              Voyant les paisibles nageurs, 
					Les habitans de l'air, d'un ton très-ironique, 
					Leur disaient: je vous plains, tristes individus! 
					              Dans votre séjour aquatique 
					              Quels sont vos talens, vos vertus? 
					        Auprès de qous quel est votre mérite? 
					Vos vêtemens ont-ils un lustre aussi brillant? 
					Savez-vous parcourir les airs dans un instant? 
					        Vous élancer hors du sein d'Amphitrite? 
					              Par des accens mélodieux, 
					Faites-vous retentir les échos du bocage? 
					        Dites-nous donc quel est votre langage; 
					              Mais non, vous ferez beaucoup mieux 
					              De garder un profond silence. 
					              C'est ainsi que tous ces oiseaux, 
					              Remplis d'orgueil et d'ariogance, 
					Exhalaient leur triomphe aux habitans des eaux. 
					              Leur bruit au loin se fit entendre. 
					Un chasseur leste accourt, se dispose à surprendre 
					                 Les insolens discoureurs: 
					              La foudre part, le plomb s'échappe, 
					              Et plus prompt que l'éclair, il frappe 
					                 Au centre des Voltigeurs, 
					        Porte la mort dans la troupe imprudente. 
					                L'un tombe, et tout prêt d'expirer, 
					Croit encor retrouver une force impuissante. 
					       L'autre chancelle et veut se relever; 
					Son tourment se prolonge et sa mort est plus lente. 
					Celui-ci palpitant plonge dans le ruisseau, 
					Pour éteindre le feu d'une soif dévorante; 
					Il le teint de son sang, y trouve son tombeau 
					Enfin, il en est peu qui ne perdent la vie. 
					O vous que la nature a comblés de ses dons, 
					            Qui vous targuez de vos perfections! 
					Songez que le mépris, l'orgueil et l'ironie 
					              Sont des vices qui très-souvent 
					              Trouvent un juste châtiment. 
					 
					VIII. 
					Le Singe 
					possesseur d'un sac de noix 
					et les autres Singes 
					 
					Sur le balcon d'un palais magnifique, 
					       Un singe était possesseur 
					       D'un trésor vraiment unique 
					       Qui faisait tout son bonheur; 
					       Ce n'était pas de l'or du nouveau-monde, 
					              Ni des diamans de Golconde, 
					              Ni des perles, ni des rubis; 
					Ce trésor pour le singe était d'un plus grand prix. 
					              C'était un large sac de noix, 
					Dont il se régalait souvent en tapinois. 
					Des singes babitans de la forêt voisine, 
					              Qui ne vivaient que de rapine, 
					       Ayant appris qu'un frère grimacier 
					              Ne faisait autre métier 
					       Que de croquer des noix à la douzaine, 
					              Se rendent à perte d'haleine 
					              Dans une cour près du balcon, 
					              Prier leur ami, sans façon, 
					              Cependant avec politesse, 
					                 De partager sa richesse: 
					                 Mais hélas! ce fut en vain; 
					              Tout singe est gourmand et vilain. 
					On le flatte, on raisonne, on menace, il s'en moque, 
					        Et de ses noix ne promet que la coque. 
					Les singes irrités d'un refus si constant, 
					S'unissent pour tenter l'assaut ou l'escalade. 
					              Notre héros se barricade 
					              Pour se défendre vaillamment. 
					              Du siège il craint peu la durée; 
					Son sac est plein de traits qu'une main assûrée 
					                 Lance à ses fiers ennemis. 
					De tant de résistance ils demeurent surpris. 
					              Chaque noix prouve son adresse, 
					Frappe les combattans avec tant de rudesse, 
					                 Qu'ils n'osent plus hasarder 
					                 Le projet d'escalader. 
					              Après une longue bataille 
					              Qui ne valut à la canaille 
					                 Que mainte contusion, 
					      Elle s'enfait avec confusion. 
					      L'heureux vainqueur, dans l'excès de sa gloire, 
					A la fortune rend grace de la victoire; 
					              Mais sitôt qu'il jette les yeux 
					Sur le cher màgasin, il n'est plus si joyeux; 
					              Son bonheur se change en tristesse; 
					Ses ennemis fuyant emportent sa richesse; 
					O mortels insensés! quelle est votre fureur! 
					La victoire souvent mine le vainqueur: 
					C'est le moindre des maux que répand sur la terre 
					Un fléau que l'enfer vomit dans sa colère. 
					 
					IX. 
					L'Enfant et l'Oiseau 
					 
					Un oiseleur fit présent 
					A son enfant 
					              D'un oiseau qu'il venait de prendre. 
					Transporté d'un plaisir que je ne saurais rendre, 
					L'enfant voulait toujours l'avoir auprès de lui; 
					              Il l'appellait son bon ami, 
					              Ne voyait rien de plus aimable, 
					        De plus joli, de plus intéressant. 
					              Cet oiseau très-reconnaissant, 
					       Comptait mener une vie agréable, 
					       Puisqu'il était si tendrement aimé, 
					       Et de son sort il se trouvait charmé. 
					              L'aimable enfant, dans son ivresse, 
					              Carressait du soir au matin 
					       Le favori, le mettait dans son sein; 
					       Mais quel chagrin! par excès de tendresse, 
					              Dans trois jours il mit au tombeau 
					                  Son ami, ce pauvre oiseau. 
					Amour! si la raison ne préside à ta chaîne, 
					Tes plus tendres effets ressemblent à la haîne. 
					 
					X. 
					Le Pilote et le Dauphin 
					 
					              Que je plains le nautonier! 
					              Que souvent dans ce métier 
					Il affronte la mort par de fréquens naufrages! 
					      D'y renoncer les hommes seraient sages; 
					          Mais l'intérêt, l'ambition, 
					          La gloire, et cette passion 
					       De dominer sur un autre hémisphère, 
					       De visiter isles et çontinens, 
					       Pour asservir les pauvres habitans 
					              Et les plonger dans la misère, 
					       En leurportant le vice, et tous les maux 
					       Qu'ils ignoraient dans ces mondes nouveaux! 
					De cette ambition qu'il croit très-légitime, 
					L'Européen ardent est souvent la victime; 
					                Et l'apologue qui suit 
					       Le prouvera, si je l'ai bien'écrit. 
					          Sur une mer trèsaorageuse, 
					          Une tempête furieuse 
					          Un jour engloutit dans les flots 
					          Une barque et les matelots. 
					Le pilote lutait contre une mort certaine; 
					Dans ses gémissemens, ses plaintes, sa douleur, 
					Il s'exprimait ainsi: ciel! quel est mon malheur! 
					       Vois mon tourment! prends pitié de ma peine! 
					Mon épouse chérie et mes pauvres enfans, 
					Je ne vous verrai plus, je meurs dans peu d'instans: 
					Qu'allez-vous devenir? quel état misérable! 
					        Ah! si du moins quelqu'ame charitable 
					Avait pitié de vous! . . . ô destin rigoureux! 
					Si je pouvais encor leur faire mes adieux, 
					Les serrer dans les bras d'un époux et d'un père! 
					A ces mots il succombe, il est prêt d'expirer. 
					Un dauphin généreux entendit sa prière, 
					L'élève hors des eaux; le faisant respirer, 
					Le même promptement sur le bord du rivage. 
					Il rendit grace au ciel. Echappé du naufrage, 
					Il revoit sonlogis, sa femme, ses enfans, 
					Exprime son amour par ses embrassemens. 
					Biais à peine a-t-il pris le repos nécessaire, 
					             Que cédant à l'ardent désir 
					De réparer sa perte, il médite une affaire, 
					                 Et prit un très-grand plaisir 
					                 A construire une autre barque 
					                 Sur laquelle il se rembarque, 
					                 Le cœur joyeux et content, 
					                 Sur le perfide élément. 
					Il s'assied sur la proue, et souriant, menace 
					L'ouragan qui s'élève, et vainement retrace 
					       A son esprit le danger précédent. 
					Le destin a prouvé qu'il m'était favorable; 
					       Rien, disait-il, ne peut m'épouvanter. 
					       Dans ce moment un orage effroyable 
					          Se forme; il est prêt d'éclater: 
					Jupiter irrité, manifeste sa haine: 
					              Un vent furieux se déchaîne; 
					Le tonnerre grondant retentit dans les airs; 
					Le ciel est embrâsé par d'horribles éclairs: 
					La vague se grossit, écume, enlève et brise 
					                  La barque sur un rocher, 
					Plonge encor dans les flots le malheureux nocher. 
					Il se repent, maudit sa funeste entreprise; 
					       Pousse dans l'air de longs gémissemens: 
					              L'infortuné pleure, il appelle 
					Le dauphin généreux, qui l'entend; mais rébelle 
					A ses cris, à ses pleurs, répond: il n'est plus tems: 
					              Ton ambition, téméraire, 
					              T'a fait abuser des faveurs 
					              De la fortune salutaire; 
					              Des flots éprouve la rigueur: 
					       Tu périras, puisque l'expérience 
					Du malheur qui pensa ravir ton éxistence, 
					Ne t'a point corrigé: ce naufrage nouveau 
					Fixe ton sort; la mer doit être ton tombeau. 
					 
					XI. 
					Les deux Chiens, le 
					Loup et le Troupeau 
					 
					              Deux chiens braves et courageux 
					              Gardaient une bergerie; 
					D'une lice ils étaient l'un et l'autre amoureux. 
					              Bientôt l'affreuse jalousie 
					Fit de nos deux rivaux de cruels ennemis. 
					Dans la rivalité jamais on ne s'accorde; 
					Le sexe fut toujours la pomme de discorde. 
					Le cartel proposé, le combat est admis: 
					C'était le vrai moyen de vider la querelle; 
					              Et l'on convient que la belle, 
					            Après le combat singulier, 
					       Couronnera le plus vaillant guerrier. 
					            La nuit vient; elle fut choisie: 
					       Les deux mâtins arrivent en furie; 
					           Animés de rage et d'amour, 
					           Ils se terrassent tour-à-tour. 
					               Chacun de sa dent cruelle 
					Déchire son rival: par-tout le sang ruisselle. 
					       Dans ce moment, un loup rusé veillait; 
					       Tout prêt de là doucement il rodait: 
					              Il voit le bercail sans défense, 
					Profite de l'instant, et d'un saut il s'élance 
					                Sur le malheureux troupeau. 
					Quel funeste réveil et quel affreux martyre! 
					       Il pille, il mord, il égorge, il déchire 
					Les moutons, les brebis, jusqu'au plus tendre agneau. 
					              Craignez la: discorde en furie, 
					Défenseurs de l'état: cimentez l'union. 
					Votre ennemi n'attend que la division: 
					      S'il vous surprend, c'est fait de la patrie. 
					 
					XII. 
					Le Papillon et l'Enfant 
					 
					Un papillon charmant voltigeait dans les airs; 
					        Par ses tours légers et divers, 
					Tantôt il s'élevait vers la voûte azurée, 
					Et tantôt il rasait la prairie émaillée. 
					Un enfant attentif à tous ses mouvemens, 
					              Le regardait d'un œil d'envie, 
					Le suivait pas-à-pas, épiait les instans 
					De le voir se fixer sur l'herbette fleurie. 
					              Las à la fin de voltiger, 
					              Sur une fleur il se repose. 
					              L'enfant, d'un pas lent et léger, 
					Approche doucement; son cœur palpite, il n'ose, 
					Et prêt à s'élancer, craint que le mouvement 
					Fasse partir l'insecte; enfin sa main avide 
					        Saisit la fleur, l'arrache promptement 
					Avec le papillon; mais hélas! le perfide 
					              Le serre si cruellement, 
					                 Que dans l'instant il expire. 
					        L'enfant l'ignore: enivré de plaisir, 
					Il court à ses amis; dans son charmant délire, 
					      Leur dépeint le trésor qu'il venait de ravir. 
					Ce sont ailes d'azur, une pourpre éclatante, 
					Un corsage tout d'or, la tête plus brillante. 
					              La main de notre aimable enfant 
					              S'ouvrit enfin; mais quel tourment! 
					              Il ne voit plus qu'un ver informe, 
					       Une poussière, où l'émail si brillant 
					Se confond, disparaît, en néant se transforme. 
					Le papillon pressé par la main de l'enfant, 
					Nous peint des vains plaisirs l'éclat faux, le néant. 
					 
					XIII. 
					La Solive dorée et 
					la Solive des toits 
					 
					Dans un très-beau palais régnait sur le plafond 
					       Une solive artistement taillée, 
					Couverte d'ornemens, peinte et très-bien dorée. 
					Si belle, elle honorait d'un mépris très-profond 
					La solive des toits, lui disait des injures, 
					       En se servant d'épithètes fort dures. 
					              Après, d'un petit air railleur, 
					              En ricannant avec hauteur, 
					Disait: ma chère, allez décorer la cabane 
					                 De la simple paysanne: 
					              Sous le chaume on est fort heureux; 
					Vous êtes pour cela faite on ne peut pas mieux. 
					La solive des toits garde avec patience 
					              Le sang-froid et le silence. 
					Importunée enfin de ces mauvais propos, 
					              Elle répond en peu de mots: 
					     Je ne veux point disputer sur vos charmes; 
					              A la beauté je rends les armes; 
					       Mais je voudrais que l'on vous dépouillât 
					       Des ornemeus, de l'or, de la peinture 
					              Qui composent votre parure; 
					Que sans prévention, ensuite on nous jugeàt: 
					              Après cette utile réforme, 
					Nous verrions qui des deux a la plus belleforme. 
					              Ce mot un jour fut riposté 
					Par une paysanne, avec simplicité, 
					En réponse au mépris que lui marquait sans cesse 
					Une dame affectant le ton d'une princesse. 
					 
					XIV. 
					Le Cerf chassé de la 
					forêt, 
					demandant du secours aux animaux ses voisins 
					 
					Pluss je connais le monde, hélas! plus je persiste 
					A dire que par-tout on est fort égoïste. 
					              Le puissant ne s'arme jamais 
					Afin de protéger le faible qu'on opprime. 
					Le riche rarement accorde ses bienfaits 
					Au pauvre, qui du sort est la triste victime. 
					Le sage est trop prudent et n'ose s'engager 
					A sauver un ami qui se trouve en danger. 
					Jadis un jeune cerf en fit l'expérience: 
					       Dans la forêt il vivait dans l'aisance; 
					       Séjour heureux, pâturage abondant; 
					             Sans trouble, il était fort content. 
					             Il se flattait de l'assistance 
					              D'un lion brave et puissant, 
					              D'un taureau très-opulent, 
					       Et d'un renard connu par sa prudence. 
					De ses trois protecteurs il était le voisin. 
					              Un jour, son malheureux destin 
					              Le fit bannir de son domaine 
					              Par un sanglier fort en peine, 
					Que des chiens, des chasseurs poursuivaient à grands cris. 
					L'animal furieux, craignant d'ètre surpris 
					              S'empara de l'humble retraite 
					Où notre cerf vivait comme un Anachorète. 
					Ce malheureux s'enfuit près du brave lion 
					Implorer son secours et sa protection. 
					       Seigneur, dit-il, voici l'instant propice 
					De me prouver ton zèle et me rendre service. 
					Un cruel ennemi, sans pitié sans pudeur, 
					Me chasse: contre lui viens montrer ta valeur. 
					Le lion répondit: je suis les de combattre; 
					       Dorénavant je veux vivre en repos. 
					       Je vois, hélas! combien il faut rabattre 
					Des promesses des grands et de leurs vains propos, 
					              Dit le cerf en lui-même: 
					Peut-être le taureau sera plus complaisant; 
					       C'est mon ami, sa richesse est extrême, 
					Je dois compter sur lui dans un besoin urgent. 
					Mais le taureau lui dit: j'ai de la peine à vivre, 
					              Je ne saurais te secourir; 
					Je suis las, laisse-moi ruminer et dormir. 
					Et deux, disait le cerf: quel chemin dois-je suivre? 
					Le puissant m'a privé de sa protection; 
					              Me riche, malgré sa promesse, 
					              Me manque dans l'occasion; 
					              Peut-être que, dans ma détresse, 
					       Le sage au moins ne refusera pas 
					       De me donner un conseil salutaire; 
					              Je vais le trouver de ce pas. 
					Du renard lesternent il court à la tanière, 
					Lui dit: votre sagesse est connue en tous lieux; 
					Je viens vous consulter: quel parti dois.je prendre? 
					      Dans un réduit j'étais on ne peut mieux, 
					Un ennemi féroce est venu me surprendre, 
					              Et m'a contraint d'abandonner. . . . 
					       Cela suffit; je ne peux vous entendre, 
					Répondit le renard, veuillez me pardonner: 
					Tous les momens sont chers, je ne saurais suspendre 
					Un travail précieux; ne m'interrompez plus; 
					              Vos discours seraient superflus, 
					              Votre présence m'importune. 
					Le malheureux, cédant aux coups de la fortune, 
					              S'en alla chagrin et confus, 
					De tous ses faux amis oublier le refus. 
					       Chemin faisant il disait en lui-même: 
					Sages, riches, puissans, pourquoi profanez-vous 
					       Le nom d'amis? Ce sentiment si doux 
					              Qui faisait le bonheur suprême, 
					       Est maintemant étranger parmi nous. 
					 
					XV. 
					La 
					Chenille qui desire devenir papillon 
					 
					              Une chenille jeune encor, 
					              Mais affreuse, rampant sur l'herbe, 
					Voyait avec dépit un papillon superbe, 
					              D'un éclat plus brillant que l'or, 
					Voltiger sur les fleurs de plus belle en plus belle. 
					La noire jalousie alors se renouvelle. 
					Ne verrai-je bientôt arriver le moment, 
					Disait-elle, où semblable au papillon charmant, 
					Je pourrai comme lui, de mon aile légère, 
					       Parcourir l'air, voltiger sur les fleurs, 
					       Dont aisément j'obtiendrai les faveurs; 
					              Et dans ma course passagère, 
					              Visiter des climats heureux, 
					        Pour me venger de l'état ennuyeux 
					       Qui me contraint de ramper sur la terre? 
					              Il arriva ce jour prospère 
					Où l'insecte enfermé dans l'étroite prison, 
					Se transforme bientôt en joli papillon. 
					              Enchanté du nouveau prodige, 
					              Il part, il s'élance, il voltige; 
					       Toujours charmant, toujours en action, 
					       Il met les fleurs à contribution. 
					              L'infortuné, dans son délire, 
					              Ne savait pas que son empire 
					              De peu de jours, allait finir. 
					              Soudain la rapide vieillesse 
					              Le frappe, il ne fait que languir. 
					       Prêt à périr, accablé de tristesse, 
					Il dit: j'ai désiré cet état glorieux; 
					Je l'obtiens, mais je meurs, que mon sort est affreux! 
					Courtisans, c'est à vous que ma fable s'adresse: 
					              Vous ne trouvez de vrai bonheur 
					Que dans les dignités, les honneurs, la richesse: 
					       Vous parvenez au sein de la grandeur; 
					Mais ce n'est que le fruit d'une lente vieillesse. 
					Bientôt du papillon vous subirez le sort, 
					       Tout votre éclat doit céder à la mort. 
					 
					XVI. 
					Les Oiseaux de nuit 
					
					
					qui abandonnent leur repaire pour vivre dans 
					les bois 
					 
					              Des chouëtes et des hibous 
					              Habitaient une roche antique: 
					              Dans un si triste rendez-vous, 
					Tout le jour ils menaient une vie apathique. 
					              Ce lieu sombre était à l'abri 
					              Des surprises de l'ennerni, 
					              Des orages et des tempêtes. 
					              Souvent ils voyaient sur leurs têtes 
					              Des bécasses et des perdrix 
					Qui d'un vol assûré dominaient sur la plaine: 
					D'un essor si brillant ils demeurent surpris; 
					              Ce triomphe excite leur haine; 
					              Ils prétendent les imiter. 
					              L'orgueil bas et jaloux s'irrite 
					De trouver en autrui la vertu, le mérite. 
					Nos stupides reclus voulant donc s'égaler 
					       A ces oiseaux qui, d'une aile légère, 
					Parcouraient dans les airs une vaste carrière, 
					              Sortent du creux de leur rocher, 
					                 Et vont tout droit se nicher 
					       Dans un grand bois: ce nouveau domicile 
					Etait plus beau, plus gai; mais peu sûr, moins tranquille: 
					              Aussi dès le lendemain, 
					Pour avoir préféré l'agréable au certain, 
					       Ils sont livrés à la funeste guerre 
					              Qu'un chasseur avec passion 
					              Faisait au gibier du canton. 
					Les chiens ayant flairé cette race étrangère, 
					Ces oiseaux ténébreux, les forcent à voler. 
					Du soleil éclatant, la trop vive lumière 
					Les contraignit bientôt de fermer la paupière, 
					Et d'un vol incertain les arbres vont heurter; 
					Ils tombent presque morts, et trop tard se repentent 
					              D'une folle présomption. 
					C'est ainsi que l'orgueil, l'aveugle ambition, 
					       Perdent souvent les êtres qui prétendent 
					S'élever sans talens aux grades supérieurs, 
					Parvenir sans vertus aux faites des grandeurs. 
					 
					XVII. 
					La vieille 
					Muraille et le Lierre 
					 
					Reste d'un monument élevé pour les dieux, 
					Autrefois dans la Grèce, au pays de l'Attique, 
					       Il existait une muraille antique 
					              De marbre le plus précieux: 
					              Jadis elle fut décorée; 
					Mais de ses ornemens elle était dépouillée. 
					       Privée aussi de ses vives couleurs, 
					              Et rappellant à sa mémoire 
					              Les plus beaux joùrs de son histoire, 
					       Ce souvenir excitait ses douleurs 
					              De son délabrement funeste, 
					              Et de sa beauté l'affreux reste, 
					       Elle accusait hautement le destin. 
					              Un jour exbalant son chagrin, 
					              Elle apperçut un jeune lierre: 
					              Ce fut un grand trait de lumière; 
					Elle dit: l'arbrisseau que je vois près de moi 
					       Pourrait-il pas s'acquitter de l'emploi 
					D'orner et de cacher ma figure difforme? 
					              Et par cette utile réforme, 
					Je serais supportable aux regards du passant. 
					              Soudain au lierre naissant 
					              Elle offre un soutien, un asyle. 
					              L'arbuste obligeant et docile, 
					Accepte; il établit ses longs bras tortueux 
					              Sur ce corps usé, raboteux, 
					Le couvre entièrement de sa riche verdure. 
					L'antique se plaisait sous cette couverture; 
					              Mais cette plante serpentant, 
					              Dans les fentes s'insinuant, 
					              Ebranle bientôt l'édifice; 
					        Et la muraille apprit que l'artifice 
					              Ne soutiendrait que peu de jours 
					Les restes ruinés d'une faible existence; 
					Elle se repentit, mais trop tard, du secours 
					              Qui détruisait sa plus chère espérance. 
					La morale aisément se pourrait appliquer; 
					Mais au sexe parlende vieux ans, de ravage, 
					De traits enluminés . . . . Taisons-nous; ce langage, 
					A coup sûr, déplairait, je n'ose m'expliquer. 
					 
					 
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